Lieu singulier s’il en est dans le paysage de la Haute Joaillerie parisienne, LA JOAILLERIE n’est ni une galerie, ni une enseigne dédiée à quelque grande marque. Ce lieu hybride, est avant tout un rêve devenu réalité pour MAZLO, cet auteur-joaillier hors-norme, que la tradition familiale ne prédestinait aucunement à exposer un jour ses propres créations dans un lieu dédié à sa philosophie du Métier.
Car chez les Mazloum, depuis plus de 500 ans, les bijoux ne s’envisagent que sur le mode de la pièce unique entièrement réalisée sur-mesure. Aidés d’un test de personnalité dont la légende veut qu’il ait été mis au point par le fondateur de la dynastie, Georgius Sayegh el- Mazloum, les uns après les autres, les maîtres joailliers de la famille se sont forgés la réputation de savoir cerner au plus près l’essence d’une personnalité avant d’en restituer le portrait sous la forme précieuse d’un bijou.
Pourtant, aussi formatrice qu’elle puisse être, l’oeuvre de commande ne pouvait qu’échouer à épuiser la fièvre créatrice d’un personnage aussi atypique que Robert Mazlo. Initié dans un premier temps à l’art délicat de la joaillerie phénicienne dans l’atelier familial dirigé par son père à Beyrouth, il fait ensuite ses classes dans un haut lieu de l’enseignement de la joaillerie «classique» de l’époque, l’Istituto Benvenuto Cellini de Valenza-Pô, en Italie du nord. Paradoxalement, il sortira de ce temple de la tradition auréolé du titre de major de sa promotion en ayant présenté un bijou aux allures de readymade, appelé « Hommage à Duchamp » et réalisé à partir de circuits électriques.
Toutefois, il ne faudrait pas voir dans ce coup d’éclat un Manifeste. Une manière de révolutionner les fondamentaux de la joaillerie en se tournant vers de nouveaux matériaux. Il s’agit plutôt d’un pied de nez à la fois tendre et insolent au conformisme de ses professeurs et d’une volonté de bousculer avec humour le carcan d’une joaillerie prisonnière de schémas esthétiques désuets et ennuyeux…
Artisan mais auteur avant tout, élevé dans le respect du Métier et conscient de la valeur initiatique du travail de joaillerie, Robert Mazlo a toujours refusé de sortir du cadre défini par son medium. Pour lui, la matière précieuse est un adversaire de taille qu’il s’agit d’apprivoiser en apprenant ses secrets. C’est à ce prix, celui de la maîtrise des techniques, que peut naître l’oeuvre d’art véritable, par delà les clivages existant entre art et artisanat.
La technique et ses impératifs ne sont pas ici vécus comme des écueils ou une entrave à la créativité, qu’il s’agirait alors de contourner en allant puiser à une autre source, plus accessible, plus facile aussi…excuse par trop simpliste à son goût. En restant dans ce cadre rigoureux et exigeant fait de discipline et de surprises (la réaction de la matière est toujours incertaine, aléatoire), Robert Mazlo tente de repousser les limites de la joaillerie. Il y instille la richesse de son imaginaire et son amour infini pour l’Art, n’hésitant pas à ponctuer ses oeuvres de références aux maîtres qui ont forgé sa sensibilité d’artiste.
Pour Robert Mazlo, il ne s’agit pas tant de révolutionner la joaillerie et de briser des idoles que de renouer avec ses fondamentaux. D’essayer de dresser une passerelle entre ses contemporains et la valeur sacrée du bijou. Les expositions temporaires et thématiques organisées à LA JOAILLERIE ont justement pour fonction de raviver les rituels mais aussi les fonctions et significations symboliques associées au bijou depuis les débuts de l’histoire de l’Humanité. Une valeur peu à peu dissoute dans les usages et les modes…
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